
Jean-Louis Borloo suit de très près la crise qui secoue l’UMP. Le 21 octobre à la Mutualité, le président du Parti radical, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, prenait la tête de l’Union des démocrates et indépendants (UDI) avec l’ambition de faire revivre le centre droit. Tout en affirmant clairement son alliance avec l’UMP, il ne cachait pas son objectif de devenir “la principale force politique d’opposition“. Il lance aujourd’hui l’offensive dans un entretien au Monde.
Comment interprétez-vous la crise à l’UMP ?
On pourrait n’y voir qu’une querelle d’hommes, après tout compréhensible compte tenu de l’enjeu, mais c’est beaucoup plus profond que cela. Deux lignes s’affrontent à l’UMP, assez irréductibles. Elles reflètent les tensions qui agitent la société française, soumise à une crise économique et sociale de grande ampleur et à la perte de ses repères. Les gens ne savent pas quel est leur avenir si bien que les peurs montent à une allure vertigineuse.
L’UMP de 2002 avait deux flotteurs. Aujourd’hui, le flotteur droit de l’UMP, qui cherche à bloquer les peurs en exaltant le repli, a le vent en poupe, et l’a emporté sur le flotteur gauche, qui se présentait comme plus social et plus humaniste. Du coup, l’illusion du parti unique, qui tentait de rassembler la droite décomplexée, la droite modérée et le centre droit, ne tient plus. On sent le phénomène monter depuis longtemps, mais aujourd’hui c’est acté. Il y a un problème de cohérence idéologique.